Penser et aménager la ville « à hauteur d’enfants », c’est regarder la ville avec les yeux d’un enfant de 10 ans, se soucier des plus jeunes dans l’espace public et donc en fait, se soucier de tous habitants les plus fragiles.

Conseil municipal de Lille du 30 septembre 2022. Regard critique sur le « projet éducatif de la ville de Lille pour ses 0 à 18 ans ».

« Cette 4ème édition du projet éducatif global de Lille apparaît extrêmement complète dans ses intentions. Franchement, tout y est : plan numérique, plan vélo, actions pour l’égalité filles garçons. Et puis surtout nous sommes d’accord avec son parti pris : celui d’une ville à hauteur d’enfants. Le groupe Faire Respirer Lille en est convaincu : une ville à hauteur d’enfants, c’est une ville apaisée où les enfants ne sont pas parqués que dans des aires de jeux aseptisées, mais à l’aise dans tout l’espace, une ville dans laquelle les parents n’ont plus peur de les laisser se déplacer en vélo ou aller faire une course seul au commerce du coin.

La place des enfants dans nos villes, et à Lille aussi, a reculé ces dernières décennies

Ayons  bien en tête ce triste constat : la place des enfants dans nos villes a reculé ces dernières décennies. Les chercheurs relèvent ce repli au domicile, cette disparition progressive des enfants seuls dans l’espace public depuis le début des années 80, à cause de la place prise par la voiture et de ces rues perçues à tort ou à raison comme menaçantes et insécurisantes pour les enfants.

Je salue d’ailleurs un changement très récent très concret : la possibilité pour les enfants à partir de 11 ans de venir ou de rester seuls dans des équipements de loisirs de la ville et les musées. C’est encore méconnu. 

La ville s’engage très fortement auprès des jeunes, mais en fait pas de tous, quand on lit bien. Car même si votre plan  s’intitule projet éducatif global pour les Lillois de 0 à 18 ans, il y a 3 grands absents. 

Quels objectifs, à Lille, pour les collégiens et les lycéens ?

Votre plan ne fait quasiment pas mention des collégiens, sauf quand vous abordez la question des stages de 3ème sur lesquels nous vous avions interpellés. 2èmes grands absents, les lycéens lillois. Aucune stratégie.  Pourquoi la ville ne s’intéresse – t-elle pas par exemple, à l’excellent programme “les cadets du service civil” qui permet aux ados de découvrir les missions des pompiers, des gendarmes, des secouristes.

Pourquoi, à Lille, un adolescent n’a aucune manière de s’investir dans les instances municipales entre 11 ans (âge limite pour être au conseil municipal des enfants) et 16 ans (âge pour rejoindre le conseil lillois de la jeunesse) ? 

Quelle offre à Lille pour les enfants des écoles privées ?

 

Aux abonnés absents de ce PEG, il y a enfin 20% des jeunes Lillois, à savoir ceux qui fréquentent les écoles privées sous contrat avec l’éducation nationale. Rien sur eux, ne sont-ils pas des Lillois comme les autres ? Quel est votre niveau d’engagement et de dialogue avec les écoles privées ? Pourquoi, exemple récent concret, des écoles privées sont restées longtemps sans réponse quand elles veulent aménager des rues scolaires, ces rues temporairement fermées à la circulation aux heures d’entrée et de sortie comme dans le public ? Pourquoi quand la ville anime sa semaine internationale ou du goût n’a-t-elle pas le réflexe d’embarquer pleinement les écoles, collèges et lycées privés ? »

Plus de sport-loisir en accès libre pour les jeunes Lillois

« J’en viens à ma 2e alerte : le sport-loisir à Lille. Nous applaudissons votre volonté de développer enfin la pratique libre à Lille, c’est-à-dire, pour des jeunes pouvoir aller librement, entre amis, sans passer par un club ou un centre social, sur des terrains de proximité baskets ou autres, des tables de ping-pong, des city-stade, des parcours et agrès sportifs ou encore des skates parks en nombre très insuffisant à Lille. Vous annoncez qu’ils seront plus nombreux, sans chiffrage. Dire que vous souhaitez en mettre plus, ne nous dit rien et l’on risque “le circulez y’a rien à voir, à Lille on fait déjà bien, et même mieux que les autres”.

Vous voulez que chaque petit lillois du public aille au moins une fois en classe verte, comment pilotez vous cet objectif, et est-ce que vos référents mairie dans chaque école, qui animent le périscolaire ont bien aussi pour mission d´être les ambassadeurs directement auprès des enseignants de l’école, de tout ce que vous proposez ?
Une pensée enfin pour les bébés nageurs de Lille, un programme que vous venez d’annuler dans les piscines de la ville pour cause de plan de sobriété énergétique. Il nous a été répondu que cela ne concernait que 40 bébés, mais alors…un chiffre aussi bas, dans une ville de 180 000 habitants, m’a sidéré. Est-on sûr que l’offre bébés nageurs était correctement communiquée ?

Renforcer la communication de l’offre sports, culture et loisirs accessible aux jeunes lillois

 

« Vous vous êtes fixés un axe, que nous saluons, celui d’améliorer l’accès à l’information pour tous. Il est indiqué que “La multiplicité des acteurs et le foisonnement des initiatives peuvent paradoxalement conduire à un sentiment de manque d’information de la part des enfants, des ados, des familles et des partenaires.” Je vous assure que ce n’est pas qu’un sentiment. Et donc je vous demande quelles sont les mesures concrètes que vous prévoyez, la 1ère d’entre elles pouvant être de refondre le site internet de la ville, dépassé. »

« Enfin je rappelle que l’éducation, c’est d’abord l’éducation nationale, et que la mairie, c’est d’abord les bâtiments des écoles, les cantines, et les loisirs et c’est d’abord sur ces 3 responsabilités qui sont les vôtres que nous serons vigilants sur la qualité et l’accessibilité de l’offre. Je vous remercie et souhaite pleine réussite aux équipes de la direction éducation de la ville pour ce projet éducatif global, je rappelle ici notre demande qu’un membre de notre groupe puisse siéger au futur laboratoire  de la ville à hauteur d’enfants et nous candidatons aussi au comité de pilotage de ce plan éducatif. « 

Ingrid Brulant