Dans les cantines engagées, avec une ferme volonté politique, une méthode, et l’implication de tout le monde, enfants, parents, professionnels, fournisseurs, on arrive à réduire de 50% le gaspillage alimentaire.

Retrouvez en vidéo mon intervention au conseil municipal de Lille du 29 juin 2022. Texte complet ci-dessous.

Dans les cantines scolaires, en France, on jette en moyenne 120 grammes par jeune, par repas.C’est pire encore dans le secteur de la santé, à l’hôpital, 170 grammes par repas. A la maison, on jette en moyenne 29 kg par personne par an selon l’ADEME. 

 

Le gaspillage alimentaire c’est 3% de nos émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées.

 

Ce que dit la loi contre le gaspillage alimentaire

 

Sous la présidence Macron, la loi Économie circulaire de 2020 a sifflé la fin de la récré : la restauration collective est désormais tenue de réduire son gaspillage de 50 % d’ici 2025 (comparé au niveau de 2015). C’est ainsi que Lille, qui produit à sa cuisine centrale 15000 repas par jour a l’obligation d’organiser le don des repas aux associations, ceux qui pour diverses raisons (comme une grève) n’ont pas pu être livrés dans les 40 cantines scolaires de la ville. 

 

Mais il faut chercher à réduire aussi le gaspillage une fois les repas dispatchés dans les 40 restaurants scolaires pour y être réchauffés et servis. Donc, dans les assiettes des enfants. A la faveur de cette loi économie circulaire, plein d’initiatives et d’outils pour réduire le gaspillage à la cantine émergent. 

 

Nous appelons à une grande opération “manger mieux gaspiller moins” à la rentrée prochaine, à Lille.

 

Des mesures anti-gaspi simples à la cantine

 

Nous nous félicitons du dispositif Grande faim/Petite faim qui existe déjà à Lille (l’enfant choisit entre une grande ou une petite portion) mais des villes vont plus loin. 

 

On peut aussi commencer par bannir  les entrées en portions individuelles pour privilégier le libre-service qui laisse libre choix de la dose. Et… ne pas saucer systématiquement les assiettes. 

 

Impliquer les élèves dans la lutte contre le gaspillage à la cantine

 

Faire émerger des propositions d’amélioration par les élèves eux-mêmes. Sensibiliser et former des petits groupes qui se chargent ensuite d’en parler autour d’eux, qui fabriquent des affiches et des slogans pour les copains et les copines, qui font des pesées de déchets, les exposent sur une table de la cantine, voilà une animation visuelle qui marche. La ville de Férin par exemple équipe toutes ses cantines de balances pour peser les déchets avec les enfants. Des villes organisent expositions, projections, quizz. Je pense à la ville de Poissy qui a mis en place des ateliers anti-gaspi. 

 

Renforcer le dialogue avec les familles sur la question du gaspillage

 

Ce qui marche aussi c’est de renforcer le dialogue auprès des parents, de communiquer les fiches produits, d’inviter des parents à la commission des menus.

 

Les résultats attendus de la baisse du gaspillage à la cantine à Lille

 

Dans les établissements engagés, ferme volonté politique, méthode, implication de tout le monde, enfants, parents, professionnels, fournisseurs, on arrive à réduire de 50%. 

 

… Ce qui dégage des marges de manœuvre financières bien utiles pour s’approvisionner + local et + bio, et donc de réduire encore le gaspillage puisque les repas ont plus de goût.

 

Il est possible de viser 20g seulement de déchets par élève, chiffre quasiment incompressible. Et puis, les déchets alimentaires inévitables deviennent ou du compost, ou du gaz vert pour le réseau GRDF. C’est le cas en métropole nantaise.

 

Plus de plaisir à manger, plus de goût, c’est moins de gâchis à la cantine

 

Dernier point, il est évident que contre le gaspillage et contre le ventre qui gargouille de faim l’après-midi, le plaisir à manger, autrement dit le goût, c’est primordial. Le souci c’est qu’au-delà de 3000 repas produits dans la même unité, on sait qu’il est difficile de faire très bon. Il est prouvé qu’une cuisine sur place plutôt qu’un service de livraison permet de réduire de 10% le gaspillage.  

 

“A Lille ce n’est pas le choix que vous avez fait en décidant en 2017 de bâtir une cuisine centrale dont les 15 000 repas sont ensuite dispatchés. Mais il est possible de progresser sur le goût. Des classes sont parfois associées à la confection des menus, c’est une bonne chose, mais c’est à l’ensemble des petits écoliers qu’il serait bon de temps en temps de demander leur avis.”

 

Priorités anti-gaspi à la cantine

 

Sans attendre, et dès la rentrée prochaine, nous proposons :

 

  • Des questionnaires de satisfaction à destination des élèves pour les interroger sur l’appréciation générale du repas et de chaque aliment

 

  • L’installation de solutions de compostage mais aussi de méthanisation pour transformer les restes en biométhane dans les 40 restaurants scolaires. En France 70% des biodéchets sont encore aujourd’hui enfouis ou incinérés alors qu’ils peuvent être valorisés. Des solutions existent, des entreprises de l’économie sociale et solidaire sont prêtes à s’engager. 

 

2 actes forts pour lancer dès septembre un mouvement de fond “Manger mieux, gaspiller moins”.


Ingrid Brulant